A part ça … Tous pleurnicheurs

A part ça … Tous pleurnicheurs

Michel De Maegd n’est pas payé pour « pleurnicher », lui dit son président. Nous, on n’est pas payés du tout. Mais qu’est-ce qu’on tchoûle…

Je propose d’abord qu’on se calme. Avant de faire de Michel De Maegd le Che Guevara du MR, j’attendrais de voir. On est d’accord qu’après l’affaire du débat « QR » sur Gaza/Israël et l’affront d’y être remplacé d’autorité par l’imbuvable toutou-Ducarme à son président, le Miche a été le tout premier libéral à s’indigner publiquement de la « dérive autocratique inquiétante » du Trumpet du Borinage et de la « mainmise présidentielle sur la démocratie interne » du parti.Mimiche est le premier à dénoncer tout haut le « contrôle absolu des parlementaires » ainsi que « l’oppression » et la « présidencratie » imposée à tous par l’Iznogoud montois. Ce qui nous change de l’usine à carpettes qu’est devenu le MR.

Mais juste quelques trucs. Un : le gars Michel fait partie de la très profitable télé-connection du MR. Comme Frédérique Ries, Florence Reuter, Olivier Maroy, Hadja Lahbib ou Julie Taton, Michel De Maegd a été l’heureux bénéficiaire d’un « télépotisme » très en vogue dans son parti : je t’échange ma popularité de vedette télé contre une place bien éligible sur ta liste, ce qui me garantit un siège tout chaud de député. Et le salaire et la super-pension qui vont avec. Du win-win for life, mais sans Reynders. Deux : depuis ce parachutage à la Chambre en 2019 (la même année que GLB à la présidence du MR), le garçon n’a rien moufté. Ce alors que son président était déjà bien dans le pif-paf-pouf égotique de petit tyran. Et trois : De Maegd vient docilement de soutenir toutes les sauvageries de l’Arizona. Qui, pour rappel, se propose d’envoyer 200.000 chômeurs à la casse, de racketter les pensions des femmes, de kidnapper le travail de nuit ou de tailler dans la santé. Donc, avant d’en faire le Zorro d’un libéralisme « humaniste » (comme il dit), on va peut-être attendre que le garçon mette un peu plus qu’une racine carrée de coucougnette sur la table.

N’empêche que Michel et moi, on est assez proches. Pas souvent. Une fois, en fait : quand GLB lui a rétorqué après son coup de moutarde qu’on attend « autre chose de la part des élus bien payés que de pleurnicher ». D’abord je dois te dire, Miche-Miche, que pour lui tu n’es pas payé pour penser, non plus. Juste pour appliquer, punt. Mais donc breffle, si je me sens proche c’est parce que moi aussi je pleurniche. Je tchoûle à chaque apparition de ton président. C’est te dire si c’est souvent. Je pleure d’indignation. De dépit. De rage. D’exaspération.

Quand je le vois accueillir toute la fachosphère au MR, relayer des pelletées de posts nauséabonds sur son compte X ou faire la promo d’une conférence sur « Les Frères musulmans : menace pour la Belgique ! » donnée à Bruxelles par une « chercheuse » française du CNRS qui est supportrice des Le Pen et de Zemmour, j’ai les glandes lacrymales en foufette. Quand il se désigne vice-président de « Spa Grand Prix », nomme Lucie Chérie présidente de l’ONE, fait de même avec sa belle-sœur à la Loterie nationale et à la Sonaca, mes tripes chialent de ce népotisme décomplexé. Quand il gesticule ses menaces corporelles et agonit d’insultes les députés d’opposition au Parlement, j’ai l’estomac qui braille. Quand il s’octroie le passe-droit d’une fausse carte PMR et tente piteusement de se faire passer pour la victime d’un complot médiatique en hurlant comme une hyène sur une journaliste RTBF, ça me fait braire.

Quand il tente pitoyablement de nier le génocide à Gaza en prétendant que « les Palestiniens sont quatre fois plus nombreux qu’en 1940 », ça me fait pleurer du sang de dégoût. Quand il envoie son aboyeur Ducarme à la télé (à ta place) pour prétendre que « l’armée israélienne ne fait pas la guerre toute seule à Gaza, hein » ou, entre autres insanités négationnistes, que la famine des Gazaouis n’est que de la « malnutrition », je braille d’écœurement et de honte (pour lui).

Donc t’es pas tout seul, Mimiche. Loin de là. J’ai même dans l’idée qu’on est quelques légions de pleurnichards dans ce pays. Je pense par exemple à tous ces salariés qui ont voté MR (ou Les Engagés) parce qu’ils ont naïvement gobé la fadaise des 500 € de différence de revenu entre un travailleur et un non-actif. Eux aussi chouinent aujourd’hui de voir ces 500 boules réduites en poudre de cacahuète. Je pense à celles et ceux qui seront remplacés par des étudiants et des flexi-jobs. Je pense surtout à votre brave clientèle d’indépendants, cette classe moyenne qui avait sottement cru votre promesse de solliciter les « épaules les plus larges » pour la taxe sur les plus-values, et qui couine à grandes eaux de s’apercevoir que c’est elle qui trinquera au final.

Donc tu vois, Mimiche, les « brayoux » ne manquent pas. Si tu veux les rallier à ta noble cause de sauveur d’un libéralisme « humain », peut-être pourrais-tu commencer par un truc qui est dans tes cordes d’ex-journaliste : du fact-checking anti-Bouchez. Je suppose que sur RTL tu as vu ton président carabistouiller une fois de plus concernant la réforme des pensions. Raoul Hedebouw y expliquait qu’il est inhumain et physiquement impossible de faire travailler une infirmière jusqu’à 67 ans. Réplique de ton ancien gourou : mais elle pourra arrêter à 60 ans si elle travaille 42 ans ! Pourrais-tu donc t’inviter à RTL (ça doit être possible) pour y rectifier la nouvelle fumisterie de ce serial-radoteur ? Tu y expliquerais qu’une infirmière doit d’abord être formée (contrairement à une présidente de l’ONE, par exemple). Qu’un baccalauréat en infirmerie s’entame après les humanités et dure quatre ans (si on réussit chaque année). Que par conséquent une infirmière débutera sa carrière à 22 ans au grand plus tôt. Et que donc, au mieux, elle ne pourra prendre sa pension qu’à 64 ans. Si elle a l’outrecuidance de vouloir être maman et de prendre ci ou là un temps partiel pour s’occuper des mioches, là ce sera malus pension. Et retraite à 65, 66 et voire 67 ans. Voilà. Si tu pouvais commencer par ça, tu démontrerais que ton coup de gueule n’était pas qu’un gros pchittt dans le potage du MR. Et puis ça me ferait encore tchoûler, mais de rire cette fois. C’est pas tous les jours.

Vincent Peiffer
Chroniqueur MaTribune.be |  Plus de publications

Après 40 ans au Moustique, Vincent rejoint l’équipe de MaTribune.be pour mettre son grain de sel dans notre si beau monde. Où, à part ça, tout va bien…

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