A part ça … Les malheurs de Sophie

A part ça … Les malheurs de Sophie

Elle est toujours la reine politique des Belges francophones. Face aux outrances de GLB, Sophie Wilmès est aussi la reine du mutisme.

On va dire que ceci est une « Lettre à Sophie ». Oui, à toi la Grande Sophie. Je dis « grande » parce que tu viens encore de remporter la flofloche de la personnalité politique préférée des francophones belges. Et de loin, en Wallonie comme à Bruxelles. Ceci en étant douillettement planquée depuis onze mois au Parlement européen. Pas mal. Surtout quand on se souvient que tu n’as été Première ministre qu’un an, d’octobre 2019 à octobre 2020, mais en pleine crise covid. Donc bravo. Pour ne pas faire de toi une quasi Sainte-Sophie, je signale tout de même qu’avant cela, tu fus ministre du Budget de Charles Michel, donc très prompte à valider quelques grosses crasses fomentées par la Suédoise. Je n’oublie pas non plus qu’en mai 2020, en visite « covid » au CHU Saint-Pierre de Bruxelles, tu t’étais pris un gros vent : infirmières, infirmiers et médecins t’avaient réservé une superbe haie du déshonneur pour dénoncer le bla-bla gouvernemental et le manque de soutien concret au personnel soignant.

Mais donc voilà, cinq ans plus tard, tu restes la chouchoute. Peut-être parce que tu étais et resteras la première femme « Premier ministre » de l’histoire de la Belgique. Ou parce tu étais et resteras « Madame Covid ». La « Maman » bienveillante d’une population belge souffrant du confinement. Un souvenir quelque peu lointain, mais attendri. D’où cette flofloche de reine des Belges francophones que tu conserves haut la main.

Tout ça pour te dire que, justement, il me semble que ce statut te donne une certaine responsabilité. Ah si, Sophie ! Surtout concernant ce qui se bidouille dans ton propre parti. À ce qu’on dit et à ce qu’on entend, tu ne serais qu’humanité, tempérance, tolérance et bonté. Disons que je veux bien le croire. Je veux même bien imaginer qu’à chaque outrance bodybuildée de ton président du MR, tu te sens un peu malheureuse. L’entendre éructer sur une population palestinienne qui « augmente » ou la mort du petit Fabian qui est un prétexte pour la gauche de faire du « police bashing », tout ça te révulse comme nous. Sans parler du mépris qui sort de partout. Le sien et celui de ses lieutenants, le capitaine Clarinval, l’adjudant-chef Jeholet, le caporal Ducarme ou l’aide de camp Dolimont. À chacune de leurs sorties, je te vois bien lever les yeux au ciel. Puis empoigner le carnet à spirales dans lequel tu écris un nouveau chapitre de la version 2.0 des « Malheurs de Sophie ».

D’ailleurs je compatis. Enfin pas tout à fait. Si tu es ce qu’on dit, j’ai une question : comment peux-tu te taire ? Comme d’autres au MR. J’en connais. Ceux-là sont terrifiés à l’idée d’être ostracisés par l’omnipotent roitelet du Borinage. Mais toi, la Grande Soso ! Avec tes 543.821 voix aux européennes (record de Belgique francophone), avec ton aura et tes sondages du feu de dieu, tu es intouchable. Ce qui fait donc que ton silence en est d’autant plus assourdissant.

Je ne voudrais pas t’alarmer – quoique – mais même chez vos potes de la presse bien droite droite simpliste de « Sudinfo », on se pose la question : « Le MR devient-il un parti d’extrême droite ? » Une question de plus en plus récurrente qui a d’ailleurs provoqué la dernière beuglante du Grand Schtroumpf menaçant : « À partir de maintenant, toutes les personnes qui traiteront le MR ou l’un de ses représentants de raciste, nazi ou d’extrême droite fera l’objet de poursuites en justice. » Mazette, j’en tremble ! Toujours sans vouloir t’effrayer – quoique – je te signale ce qu’avait solennellement déclaré Marine Le Pen en octobre 2013. Fais gaffe, ça pique : « Notre parti poursuivra en justice tous ceux qui colleront l’étiquette ‘extrême droite’ au Front national. » Voilà. Tu vois que Georges-Louis a des références. Pour détendre l’atmosphère – mais pas que – je porte aussi à ton attention une petite réflexion qui tourne joliment sur les réseaux : « Devenir d’extrême droite pour un parti libéral classique, c’est comme commencer à puer de la gueule : on est toujours le dernier à s’en rendre compte et on engueule les premiers qui nous le disent. » Ce n’est pas que drôle.

Alors donc voilà, Sophie. S’il te venait à l’esprit de vouloir honorer la grande confiance que te font les Belges, n’arrêterais-tu pas de te taire ? Et si par hasard tu refusais d’être assimilée à la bascule ultradroitière de ton parti, il me semble qu’il est peut-être temps de sortir de ta planque. À moins, évidemment… J’ai subitement un doute. Non… Ne me dis pas que tu participes à une stratégie bien huilée de marketing politique. Avec d’un côté Bouchez qui tient le monopole du crachoir, avec ses outrances, ses allusions et ses références nauséabondes, sa drague d’anciens (?) petits nazillons « réfugiés » au MR et ses partages de publications douteuses, tout ça pour capter la droite de la droite de la droite. De l’autre toi, pour continuer de capter une clientèle plus « modérée », qui se dit que si ça schlingue trop la rage ultradroitière, il y aura toujours la rassurante « Maman Wilmès » au cas où. Du gagnant-gagnant. C’est plutôt ça, Sophie ? Naaan…

Je dois me tromper. Et puisque tu vas très bientôt sortir de ton mutisme, fais très gaffe aux mots que tu utiliseras. Donc, par exemple, si tu veux parler d’un Mouvement réformateur qui tire vers l’extrême droite, choisis plutôt d’évoquer « un parti qui roule de plus en plus systématiquement sur la bande des pneus crevés ».  C’est plus prudent. Si tu veux dénoncer la tendance de propos racistes, parle plutôt de « propos monochromes opalins ». Pour éviter le mot fachiste, qui est passible d’une lourde peine au tribunal bouchezien, tu préféreras le terme « d’inspiration mussolinienne ». Je ne voudrais pas que tu sois attaquée en justice par ton propre président de parti. Qui est capable de tout.

Vincent Peiffer
Chroniqueur MaTribune.be |  Plus de publications

Après 40 ans au Moustique, Vincent rejoint l’équipe de MaTribune.be pour mettre son grain de sel dans notre si beau monde. Où, à part ça, tout va bien…

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