A part ça… Monsieur Loyal

A part ça… Monsieur Loyal

GLB ne sait plus ce qu’est la méritocratie si chère aux libéraux. Le népotisme et l’abus de pouvoir, en revanche, il maîtrise.

Attention, Georges-Louis, tu vieillis dangereusement ! Et de manière très précoce, je trouve. Avec ce tohu-bohu incessant de déclarations et de beugleries, tu m’inquiètes. À seulement 39 ans, tu me fais déjà penser à feu mon vieil oncle Robert. Plus il avançait en âge, plus il prenait toute la place à table, plus il monopolisait la parole, bouffi d’autosuffisance et de certitudes réacs de plus en plus crétines à mesure qu’il devenait bourré. Et tout le monde levait les yeux au ciel. C’est pour ça que j’aimerais t’aider à remettre certains nic-nacs en place : t’éviter de te vautrer dans le ridicule, comme Mononc’ Robert. Je sais que c’est un peu vain, mais j’essaie quand même.

Et donc revenons sur ton opération « Touche pas à mon Népote ». Lucie Demaret, disais-tu, n’a pas été choisie (par toi) à la présidence de l’Office de la Naissance et de l’Enfance parce qu’elle est ta compagne. Un peu comme aux dernières élections provinciales, elle n’a pas été projetée (par toi) en tête de liste MR parce qu’elle est ta choupette ? Idem quand tu as voulu forcer (en vain) le MR du Hainaut à la désigner députée provinciale. Ta Lulu chérie est donc la nouvelle présidente de l’ONE parce qu’elle est « compétente », c’est bien ça ? Ok elle n’est pas médecin, elle n’a aucune expérience professionnelle dans le secteur de la petite enfance, mais ! Mais, soulignais-tu, quand elle était membre du CA de l’intercommunale carolo de santé Humani, ah ben le volet enfance « l’intéressait très fort ». Pas tant que ça, on dirait, puisqu’elle a dû rembourser 6.000 euros à Humani pour absences répétées aux réunions du CA. Petite info perso : sache que la musique « m’intéresse très fort ». Mais j’ignore le solfège et je ne joue pas une gamme. Donc je m’abstiens de vouloir diriger un orchestre symphonique. Tu saisis la nuance ?

À propos de nuance, insistais-tu aussi, contrairement à ce qui se pratiquait du temps de « l’État PS », tu n’as pas procuré un « emploi » à Lulu d’Amour, mais un « mandat » à l’ONE. Effectivement, on sait. L’emploi rémunéré, tu lui avais déjà fourni : elle est « conseillère » de cabinet chez Bernard Quintin, le ministre MR de l’Intérieur (choisi par toi). Je t’aide encore un peu ? Allez cadeau : tu as omis de signaler que ce « mandat » à l’ONE lui rapportera 42.440 euros brut par an. Ce qui fera 2.473 nets par mois. Pour un tiers-temps, grand max. Oui, parce que siéger dans un conseil d’administration, ce n’est pas un temps plein. Ce sont des réunions du CA (une par mois, normalement), leur préparation et du temps pour des rencontres. En allant chercher le gamin à la crèche, peut-être que Lucie prestera un mi-temps puisqu’elle sera en immersion, en quelque sorte. Cela dit, tu la féliciteras de ma part : elle cumulera ce nouveau mandat avec son boulot chez Quintin et aussi son poste de conseillère provinciale. Trop forte, Super Lulu.

Dans ton show « ONEpotisme », je ne sais pas si ton couplet pseudo-féministe était très approprié. L’écran de fumée était vaporeux, on va dire. Les critiques sur la désignation de ta Lulu, prétendais-tu, sont « une attaque contre une femme ». Donc du sexisme. Euh, Georgie, ce n’est pas le choix de la « femme » Demaret qui indigne. C’est le choix qui repose uniquement sur ses attaches avec toi. Donc malgré ton bla-bla aux allures progressistes, tu nous fais du féminisme à l’envers : l’accession d’une femme à une fonction n’est pas motivée par ses aptitudes ou son mérite, mais par ses liens avec un homme qui détient un pouvoir. Donc plouf.

Mais le grand moment de ton numéro d’ingénieur en népotisme restera ton rôle de « Monsieur Loyal ».  Pour désigner les mandataires du MR, précisais-tu, tu as un critère de base : « Je nomme les personnes qui me sont loyales. » Lucie remplit le critère, on imagine bien. Ainsi que sa loyale sœur, Géraldine, désignée (par toi) à la présidence du CA de la Loterie nationale et cheffe de cabinet de David Clarinval. Plus largement, nous devons donc comprendre qu’au MR, seul·es celles et ceux  qui feront totale allégeance au Président se verront confier des mandats. C’est là que tu as un urgent besoin de réviser certains fondamentaux. Comme par exemple ceci : en démocratie, un mandat n’est pas une récompense du maître à un fidèle sujet pour sa « loyauté ». Un mandat n’est pas non plus un « plaisir » qu’on (se) fait, comme s’auto-désigner vice-président de « Spa Grand Prix ».  Un mandat est une fonction qu’on exerce au service de l’intérêt général. Si, je te jure. Et plus largement, tu sais ceux qui pratiquent le népotisme, la logique de clan, les abus de pouvoir, les cadeaux aux « loyaux » en écartant tous ceux qui ne sont pas dans la droite ligne ? Les Trump. Les Poutine. Les tyrans, oui.

Une dernière pour la route. Dans ton interview fleuve à La Libre, ce weekend, au beau milieu d’un déluge de crasses à la Mononc’ Robert, je vois que tu as trouvé la solution pour notre dette publique : un gouvernement d’austérité à la Martens-Gol, qui « de 1981 à 1985, avait permis de fortes améliorations grâce à des réformes drastiques ». Tu n’étais pas né, je sais. Mais note ceci : la dette de la Belgique était passée de 67,5 % du PNB en 1981 à 106,2 % en 1986. Une prochaine fois, ça t’évitera de réécrire l’histoire.

Pour terminer sur une note positive, je suis agréablement étonné que tu n’aies pas encore menacé toute personne qui accusera le président du MR de népotisme d’être poursuivie en justice. Ça viendra, j’imagine.

Vincent Peiffer
Chroniqueur MaTribune.be |  Plus de publications

Après 40 ans au Moustique, Vincent rejoint l’équipe de MaTribune.be pour mettre son grain de sel dans notre si beau monde. Où, à part ça, tout va bien…

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