Jacqueline nous a refait une « Galant » : s’embourber dans ses chiffres, accuser son administration et mentir au Parlement wallon. La totale.
Elle n’est pas que ministre des Médias, noss Jacqueline Galant. Canif suisse multifonctions du MR, elle est aussi ministre double casquette Wallonie/FWB de la Simplification administrative, des Sports et des Infrastructures sportives. Et ministre de la Fonction publique. C’est donc là qu’elle doit « maîtriser » les budgets de l’administration wallonne. Il y a quelques mois, lors de la présentation du budget initial de 2025, le montant de 21,2 millions d’euros apparaissait à la ligne « locations de bâtiments administratifs régionaux » (la même somme qu’en 2024). Lors du récent ajustement budgétaire, 8,9 millions d’euros supplémentaires sont inscrits à la même ligne. Une hausse de… 42 % ! Ce qui fait naturellement sursauter les parlementaires de l’opposition, qui se demandent la raison de cette substantielle augmentation. La raison est simple : l’administration s’est agrandie et avait donc loué des bâtiments supplémentaires. Ok, s’étonnent les députés PS et Ecolo, mais pourquoi ce supplément n’était-il pas inscrit au budget initial, alors qu’il n’y a rien de plus prévisible que des loyers à payer ?
Et c’est là que Jacqueline nous refait une « galanterie » dont elle a le secret, comme au bon vieux temps de quand elle fut éphémère ministre fédérale (démissionnée) de la Mobilité. Ni une ni deux, la voilà qui incrimine l’étourderie de l’administration wallonne : « En ce qui concerne les loyers et la gestion immobilière, loin de moi l’envie de rejeter la faute sur quelqu’un. Mais l’administration a reconnu cette erreur de 9 millions. Elle avait manifestement omis de tenir compte de l’entrée en vigueur de certaines locations. » On lui demande donc la preuve de cette « erreur reconnue par l’administration ». Jaja refusera de produire les documents. Souci pour elle : en Belgique, il existe une Cour des Comptes par laquelle transitent tous les documents chiffrés des administrations. Et ils sont consultables. Un député Ecolo consulte donc. Et tenez-tenez : les documents transmis six mois plus tôt à la Cour des Comptes démontrent que l’administration ne s’est pas trompée. Du tout. Elle avait bien demandé les budgets ad hoc (9 millions compris). C’est Tata Jacqueline qui avait « oublié » ce surcoût de loyers. Et qui a donc sciemment menti au Parlement.
Ce qui est très mal. Surtout depuis que son incorruptible président de parti a déclaré ceci : « En politique, mentir au Parlement est certainement l’acte le plus grave qu’on peut poser ». Je voudrais donc ici lancer un appel solennel à GLB avant qu’il se fâche tout bleu sur notre Jacqueline. Alors voilà, Georges-Louis… On est d’accord que Jaja a filouté grave. C’est aussi clair qu’un domicile fictif de Julie Taton. Mais s’il te plaît, oh grand GlouB, ne la démissionne pas tout de suite. Sois indulgent. Fais comme si tu n’avais rien vu, rien entendu. Pose une sorte d’acte humanitaire. Parce qu’on la kiffe, notre Tata Jacqueline. Pas parce que c’est une ministre du tonnerre. Non, ça non. Mais parce que c’est la meilleure pour nous divertir. Elle est un peu notre récré politique. Notre ministre pouêt-pouêt. Et donc, en ces temps de grosse déprime généralisée, on aimerait qu’elle reste encore un peu là, à faire du stand-up sans le savoir. Donc voilà, si tu te soucies de notre santé mentale, tu dois absolument sauver Jacqueline.
Perso, question de nous faire rire avec du youp-la-boum politique, je mets beaucoup d’espoir en son rôle de ministre des Médias. Déjà, pour discréditer les télés de proximité qu’elle veut saquer, Jacqueline s’était plainte de Notélé. Avec sa bonhommie dépitée (elle le fait bien, ça), elle avait prétendu que la télé locale de Wallonie picarde ne l’avait jamais interviewée en tant que bourgmestre de Jurbise. Quand Notélé a « fact-checké » l’affaire en diffusant une bonne dizaine d’extraits de Tata Jacqueline babelant sur ses antennes, on a salué cet aplomb de championne olympique de la carabistouille. Donc ça promet de grands moments pour la RTBF, que la ministre des Médias veut réformer en la mettant à la diète et en la forçant à moins se disperser pour se recentrer sur ses missions. Je vois donc bien Jaja proposer à la RTBF de supprimer La Première ou Musiq 3. Et de ne conserver que Vivacité et ses grands « journalistes » genre Cyril Detaeye, Livia Dushkoff ou Fanny Jandrain. Et l’indispensable « Viva For Life », bien sûr. Parce que ça, c’est de l’info et de la culture de service public !
Un dernier mot, Georges-Louis, pour te dire que je suis assez confiant quant à ta mansuétude à l’égard de Tata Jacqueline et de ses mensonges en série. Mon auriculaire me dit que quand tu prétends que mentir au Parlement est « l’acte le plus grave qu’on peut poser », tu veux parler de tous les politiques, sauf les ministres et mandataires MR. Et comme de surcroît, tu es toi-même volontiers bonimenteur, je ne suis pas inquiet. Merci d’avance.
Vincent Peiffer
Après 40 ans au Moustique, Vincent rejoint l’équipe de MaTribune.be pour mettre son grain de sel dans notre si beau monde. Où, à part ça, tout va bien…
