La Belgique à la fête ?

La Belgique à la fête ?

En place depuis bientôt 6 mois, c’est l’heure d’un premier bilan pour le gouvernement fédéral Arizona qui réunit les 5 partis au pouvoir (N-VA, MR, Les Engagés, Vooruit et CD&V) autour du Premier ministre nationaliste De Wever.

En moins de six mois, ce gouvernement a orchestré la plus grande régression sociale depuis 80 ans, un démantèlement systématique des droits sociaux : flexibilisation accrue du travail (notamment de nuit), réforme des pensions, limitation des allocations de chômage dans le temps…

Vous êtes une femme ? Alors c’est double peine. C’est sur vous que la pression pèse d’autant plus, notamment en réduisant drastiquement les périodes assimilées pour la pension et en jouant du statut de cohabitant·e pour vous exclure du revenu d’intégration sociale. À croire que vous êtes aussi invisibles dans la société que les ministres femmes dans ce gouvernement…

Vous êtes Wallon·ne ou Bruxellois·e ? Vous reprendrez bien une couche de communautarisme : la réforme du chômage transfère les coûts (sécurité sociale-CPAS) du fédéral vers les régions et communes. Et vous savez quoi ? Les 100 communes les plus touchées par les exclusions du chômage sont francophones…

Arizona Dream ? Juste une fable désenchantée !

La rédaction vous invite à vous (re)plonger dans trois expressions phares liées à l’accord de coalition fédérale(2025-2029) du 31 janvier dernier, à travers l’analyse de quelques éléments de discours de des volets « Social » et « Environnement et Énergie » :

Comment s’adresser aux pauvres pour leur imposer la nécessité de réformes drastiques ? Comment les cinq partis au pouvoir au sein du Gouvernement Arizona considèrent-ils leur rapport aux allocataires sociaux ? Quelle image pourra bien convaincre ceux-ci qu’ils doivent être « responsabilisés » et « intégrés » à leur devoir de travailleur ? Le titre de ce texte pourrait apparaitre comme une formulation poujadiste visant à condamner les artisans d’un gouvernement extrêmement dur concernant les droits sociaux des plus précaires et les politiques de réduction des dépenses publiques. Pourtant, il est seulement l’explicitation de l’une des premières métaphores de l’accord : « Notre gouvernement poursuivra une politique d’activation ambitieuse. Pour ce faire, nous utiliserons le bâton et la carotte » (introduction signée Bart D0e Wever).

Après avoir pointé le paternalisme du gouvernement Arizona, notamment à travers la métaphore du peuple-enfant en âne, il convient de porter un regard sur une autre métaphore utilisée : celle des « épaules les plus larges ». Elle dit, elle aussi, beaucoup de la vision de classes qui sous-tend l’accord des 5 partis, reproduisant l’imaginaire d’une classe qui soutiendrait par sa force l’ensemble de la société. Cet imaginaire des classes dominantes comme ciment de l’économie renverse un autre imaginaire qui lui est opposé, celui qui analyse le mode de production capitaliste comme un système inégalitaire reposant sur le travail physique et les épaules des travailleurs.

Dans cette troisième et dernière partie, il est question d’une autre transformation de la perception des classes dominantes. Celles-ci sont en effet perçues, dans l’Accord de coalition fédérale, comme les porteuses de la « transition durable » (une dizaine d’occurrences). Cette formule idéologique est un mix de deux autres : « transition verte » et « développement durable ». L’insistance sur les « investissements verts », l’« innovation » et les « secteurs stratégiques » (pas loin de cent cinquante occurrences du lexique de la « stratégie »), à côté de l’injonction au « productivisme » (une cinquantaine d’occurrences) et à la « réindustrialisation », s’inscrivent dans l’idéologie du « capitalisme vert ».

Mais si vous préférez vous plonger dans les chiffres concrets, Olivier Bonfond vous propose une lecture édifiante du tableau budgétaire de l’Arizona. Parallèlement à l’accord de gouvernement fédéral, le gouvernement a en effet présenté en janvier dernier un tableau budgétaire qui synthétise les « efforts » à fournir et la trajectoire budgétaire à respecter pour la législature 2025-2029. Afin de respecter les critères européens et d’éviter une procédure pour déficit excessif, le gouvernement entend ramener le déficit sous le seuil des 3 % d’ici la fin de la législature. Pour y arriver, le gouvernement compte réaliser un effort total de 23 milliards sur la législature. Mais cette trajectoire budgétaire ne tient absolument pas la route, pour plusieurs raisons.

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