Les bonnes recettes de Tante Jacqueline

Les bonnes recettes de Tante Jacqueline

Jacqueline Galant veut booster l’info à la RTBF et interdire les réseaux sociaux aux moins de 15 ans. Donc elle a deux gros soucis…

De base, elle a de chouettes idées, Jacqueline. Des bons plans inspirés de son légendaire « bon sens ». Déjà en 2014 quand elle était ministre fédérale de la Mobilité, époque suédoise de Charles Michel, elle en avait. C’est après qu’elle s’emberlificote dans ses calculs, qu’elle te michepapoute des irrégularités dans des marchés publics ou te bâcle la sûreté aérienne. Donc ça part en cacahuète. Et elle doit démissionner, comme en 2016. Mais voilà que depuis juillet dernier, Jacqueline Galant est à nouveau ministre MR. À la Région wallonne et à la Fédération Wallonie-Bruxelles, cette fois. Elle y est notamment ministre des Médias. Donc de la RTBF. Que son mentor Georges-Louis rêve de supprimer ou de privatiser, ce qui revient au même. Une question de principe : c’est du service public, donc c’est inutile. Et c’est aussi un repère de gauchistes. C’est dire si c’est tout pourri. Mais Tante Jacqueline n’est pas comme ça. On va dire que sous ses airs de pelleteuse, elle est parfois un peu plus nuancée que son guide suprême. Ce qui n’est pas un exploit remarquable. Et donc Jacqueline, elle garantit qu’une radio-télé publique, ça sert.

Et pour la RTBF, elle a même une recette d’avenir : « La recentrer sur ses missions fondamentales de service public ». Elle n’a pas tort. En écoutant Vivacité, Tipik ou Classique 21, on soupçonne ces radios « publiques » de faire un mi-temps alterné avec Bel RTL, Fun Radio et Nostalgie. Pour rester courtois, on va dire que depuis vingt ans, la RTBF s’est « dispersée ». Ou bêtifiée. Lui redonner un peu de sens et d’exigence, perso je prends. Donc en gros, Jaja veut y voir moins de divertissement et de sport jusqu’à la gave, mais plus de culture et surtout d’information : « Dans une période où les fausses infos pullulent, le paquet doit être mis par nos médias publics sur l’information et l’explication de celle-ci ». Et là, derechef, je me réjouis déjà de voir et entendre les journalistes RTBF mettre le « paquet » pour démonter les « fausses infos » largement répandues par Georges-Louis Bouchez.

Problème : pour aider à réduire l’abyssal déficit du budget de la FWB, Tante Jacqueline a imposé un plan d’économies de 55 millions à la RTBF. Qui devra donc en faire moins pif-paf-pouf, mais mieux. Mais question quand même : comment mettre « le paquet » sur l’info avec moins de moyens ? C’est là que ça repart en sucette. Jacqueline les Bonnes Combines a une solution : permettre à la RTBF d’arroser nos yeux et nos oreilles de publicités. Ce qu’elle fait déjà très, très abondamment. Eh bien encore plus ! En radio, par exemple, elle autorisera la RTBF à (re)diffuser des pubs dans « Matin Première », qui est la plus grosse audience de La Première. Dans une opération de salubrité publique, la publicité avait été bannie en 2021 de la tranche info matinale de la chaîne. Qui était donc le seul îlot de notre paysage audiovisuel préservé de la pollution publicitaire permanente. C’est bientôt fini.

Et c’est ainsi donc que, grâce à Tata Jacqueline, une réclame sur le nouveau jeu à gratter de la Loterie nationale sera diffusée juste après un reportage sur l’affaire Reynders. Une pub Devos-Lemmens précédera un sujet sur l’obésité liée à la junk-food, lui-même suivi par les exaspérantes pub de Pizza Hut. Enfin, un dossier sur le greenwashing sera opportunément entrecoupé de réclames sur les carburants « bio » de TotalÉnergies et sur vos placements « éthiques » chez BNP Paris Fortis.

L’autre toute grande idée de Tante Jacqueline est encore meilleure. Elle ne l’a pas sucée de son petit doigt inspiré. L’Australie l’a déjà fait, la France et d’autres veulent le faire, donc Jacqueline aussi : interdire l’accès des réseaux sociaux aux moins de 15 ans. Attention, « je ne suis pas là pour punir, je ne veux pas interdire pour interdire ». Elle qui a un petit n’enfant de 7 ans et demi veut « protéger les jeunes du cyberharcèlement ». Et aussi sauvegarder les mineurs de la désinformation en ligne : « Jusque 15 ans, il faut préparer les jeunes à analyser l’information. Si on leur laisse accès à tous ces réseaux sociaux, ils ont accès à toutes les fake news et ils n’ont pas encore cet esprit critique. » Donc fort bien, à nouveau.

Mais à nouveau grosse double-sucette. D’abord, Jaja n’a pas tout bien lu ses compétences de ministre : elle ne peut rien interdire du tout. Cette éventuelle décision ne dépend pas de la Fédération Wallonie-Bruxelles, mais du niveau fédéral. Et puis surtout interdire les réseaux aux djeunes, c’est effectivement les protéger des insultes, du cyberharcèlement ou de la désinformation. Mais c’est aussi interdire à ces chenapans de moins de 15 ans de diffuser des fake news. Et là, Tante Jacqueline a un gros, gros souci : Georges-Louis Bouchez a plus de 15 ans…

Vincent PEIFFER
Chroniqueur MaTribune.be |  Plus de publications

Après 40 ans au Moustique, Vincent rejoint l’équipe de MaTribune.be pour mettre son grain de sel dans notre si beau monde. Où, à part ça, tout va bien…

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